Les
charbonnières dans les bois du Castellet à
Saint-Jeannet
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Un petit tour dans le bois du Castellet, permet d'observer une vingtaine de charbonnières. Ces emplacements, avec un petit mur bâti dans la pente, permettaient sur une surface plane de construire une hutte de chênes verts (Quercus ilex, Yeuse). Après cuisson de la meule, le charbon de bois était transporté à dos de mulet sur le lieu de consommation ou de vente. Avec 450 kg de bois de chênes verts; on obtient environ 100 kg de charbon de bois.
Nous avons trouvé sur place quelques câbles descendant dans le Vallon du Poirier. Quelles étaient leurs utilités ? Descendre le charbon de bois vers la Cagne, ou permettre de diriger les troncs vers les charbonnières ?
A Saint-Jeannet, beaucoup de charbonniers étaient italiens. Il subsiste au bord de la Cagne, en bas de la Combe du Poirier le campement des bouscatiers*. Il est vraisemblable que la dernière exploitation a eu lieu après la guerre de 1914 et jusqu'aux années 1950.
* : Bouscatiers ; synonyme de bûcherons.
Le Castellet :
<<...Cet édifice, appelé le Castellet, ne servit jamais qu'à l'usage de ferme et de bergerie. Il a donné son nom à un vaste domaine y attenant, d'une superficie d'environ 270 hectares, dont 150 en nature de pâturage, 130 en celle de bois, et le surplus en terres labourables. Cette propriété, aujourd'hui pour partie communale, fut un fief seigneurial. Elle apparaît déjà sous ce caractère dans divers documents du XIIIe siècle, enfouis dans nos archives communales.
Le bois du Castellet :
Par acte du 14 septembre 1418, le seigneur François de Villeneuve autorisa les habitants de Saint-Jeannet à couper du bois dans ses forêts du Castellet, soit pour leur affouage, soit en vue de la construction ou réparation de leurs maisons (lignerandi et fustandi). Telle est la base des droits cinq fois séculaires qu'ils possédent encore sur une portion de cette terre...
...au cours de l'an II. Le citoyen Charles-François-Joseph Euzière, dit l'aîné, se rendit acquéreur du Castellet pour une somme minime en assignats. Le nouveau propriétaire, désireux que ses concitoyens ne fussent pas, à l'avenir, privés d'un avantage dont leurs ancêtres avaient joui à travers six ou sept générations, leur concéda par acte notaire Barrière du 19 ventôse, an II, les droits suivants :
1° Un droit de chauffage, ou soit l'autorisation de prendre le bois sec, de couper les chênes-verts et d'ébrancher les chênes-blancs sans endommager l'arbre.
2° Un droit de marronnage* sur chênes blancs autres que ceux destinés pour les caumes** à l'effet de faire poutres et chevrons, mais seulement pour les bergeries de la montagne de Saint-Jeannet.
3° Un droit au bois d'oeuvre c'est à dire de couper des petits chênes pour charrues ou araires et pour manches de bêche et de hache.
4° Un droit de pâturage restreint aux bêtes de somme à l'aide desquelles l'usager irait prendre le bois susdit et aux terrains non ensemencés ou qui ne seraient pas en prairie, et encore sans porter dommage.
A la faveur de ce contrat, maints abus furent commis de part et d'autre, si bien que, vers le milieu du siècle dernier, la forêt se trouva dans un état déplorable.
Le propriétaire d'alors, l'avocat Euzière Antoine, en attribuait la cause à la dévastation commise par les usagers. Ceux-ci, au contraire, soutenaient que ledit Euzière s'était fait l'auteur indirect des dégâts, en autorisant la coupe de chênes-verts pour la fabrication du charbon et l'entretien d'un troupeau considérable de chèvres à la dent meurtrière...
Les tribunaux jugèrent que le mauvais état de la forêt était imputable à la fois au propriétaire et aux usagers. Pour faciliter le reboisement, ils suspendirent les droits d'usage pendant sept ans et interdirent au sieur Euzière de laisser pénétrer les chèvres durant cet intervalle...>>
(d'après J.E. Malaussène pages 208, 209, 210 et 211)
* Marronage : droit de se faire délivrer des arbres pour la construction et les réparations des bâtiments. (Littré)
** Caumes : parcs ombragés où les pâtres font reposer leur bétail aux heures chaudes de la journée.
Les charbonnières
Cartographie de l'emplacement de
quelques charbonnières et de
l'ancienne cabane au bord de la Cagne.
La majorité des charbonnières se trouve dans le
Bois du Castellet, mais on en trouve
aussi quelques unes dans le Vallon du Ruth.
Sur cette carte, en rouge le GR 51 dans le Bois du Castellet ainsi que
le sentier
permettant de descendre à la Cagne.
Photographie
d'une charbonnière ; emplacement
pour construire la hutte de chênes verts.
Le sol est resté stérile sur cette surface
d'environ 5 mètres de diamètre.
On aperçoit au milieu de la photo un ancien câble
descendant le vallon..
Une autre charbonnière, où nous découvrons que les chênes verts des alentours sont très petits ; environ 18 cm de diamètre.
Et beaucoup de tronc de 20 à 30 cm de diamètre sont coupés à 30 cm de hauteur.
Meule
obtenue par empilement de rondins de chênes
verts du centre vers l'extérieur en conservant au centre
une cheminée faite avec des petits rondins. L'ensemble
était recouvert de terre et de
petits branchages, feuilles...
La cuisson durait 2 ou 3 jours et le refroidissement 5 ou 6 jours.
Rouleaux
de câbles abandonnés.
La "Combe du Poirier" est appelée le "Vallon du
Câble" par les
anciens du village.
Morceaux de charbon de bois retrouvés sur la charbonnière.
Les morceaux de charbon de bois se consument sans problèmes.