Saint-jeannet

Françoise & Caroline Chambon

Saint-Jeannet-Village, de mémoire d’hommes

   Dans le cadre de la réédition du livre Saint-Jeannet-Village, de mémoire d'hommes,
Françoise et Caroline Chambon dédicacent leur ouvrage à Saint-Jeannet :

Saint-Jeannet-Village, de mémoire d’hommes

Nous envisageons une réédition de notre ouvrage Saint-Jeannet-Village, de mémoire d’hommes, paru aux Editions Serre, en 2001.

Ni tout à fait un guide, ni tout à fait une monographie, Saint-Jeannet-Village, de mémoire d’hommes, fait revivre un passé révolu qui a basculé avec le monde rural, ici, comme ailleurs, à partir des années 1950. Un passé que seule la mémoire vivante arrime encore au présent. Mais pour combien de temps ?

Au fil d’une centaine d’entrevues avec les villageois, nous y écoutons parler les anciens et nous y recueillons l’écho des mœurs et coutumes, aujourd’hui affadies ou disparues, d’une communauté rurale qui peinait contre une nature indocile.

Nous y entendons chanter les pierres, les lieux et les édifices . Nous y croisons les artistes.

De fait, ce travail à nuance ethnologique, une ethnologie de proximité, non dénuée de poésie, faisant appel à la pluridisciplinarité des sciences humaines et sociales, nous parle, certes, de Saint-Jeannet au cœur de l’irréversible évolution de l’agraire vers l’immobilier. De Saint-Jeannet, des Saint-Jeannois et de leur patrimoine culturel. Mais aussi de l’homme en général. Celui qui, incertain, dans un monde d’uniformisation et d’indifférence, est à la recherche de racines favorisant le lien social, l’altérité et donc l’identité.

 Si vous êtes intéressés par l’acquisition de ce livre, nous vous remercions de bien vouloir nous contacter
par téléphone : 04 93 61 24 21
ou courrier électronique : caroline.chambon@neuf.fr

Préface :

Prélude à l'histoire vivante de Saint-Jeannet

    Pourquoi donc la «Province des Provinces» appuie-t-elle son ultime frontière tout là-bas au levant sur la tranchée torrentielle de la Cagne, postant à l'arrière, en sentinelles, les trois redoutables forteresses de Vence, enfermé dans ses remparts, Saint-Paul blotti dans son étroite enceinte, Cagnes dominé par son noble château, trois citadelles qui s'alignent dans leur splendeur dorée au soleil du matin?
Et puis que font-ils ceux là, perchés là-haut de l'autre côté, en proie à tous les dangers, seuls, imprudents, audacieux, oubliés?
Vraiment, c'est bien là le dernier village de Provence :

Saint-Jeannet.

    Alors, on peut se risquer au hasard des ruelles, au gré des sentiers escarpés, chercher par-delà les pierres les visages qui s'estompent, percevoir les battements d'un coeur qui n'en finit plus de vibrer, retrouver, écouter simplement, empreint d'un infini respect, les uns et les autres égrenant inlassablement leur humble et pourtant fantastique quotidien. On peut entrer dans le merveilleux d'un petit peuple immortel, recevoir en pleine poitrine ce souffle étrange comme une grande surprise venue du fond des temps pour le bien de nos âmes.
Mais avant toute chose, on peut aussi se demander d'où -vient cette ardente soif de vivre qui ne s'apaise jamais ?
Comment expliquer le corps à corps avec les éléments naturels qu'il faut d'abord engager pour seulement survivre, puis vivre intensément, et, s'il se peut s'épanouir en toute sérénité, chaque destinée, unique et irremplaçable, prenant sa juste place dans une singulière aventure collective?
Alors, s'inscrivant silencieusement, laborieusement, courageusement dans l'harmonie d'un environnement qui lui offre un cadre remarquable, il est là

L'Homme.

    Déjà enraciné à l'époque de son tout proche voisin de Terra Amata, il arpente la montagne dont il cherche à percer les secrets. Le Ligure, pauvre, laborieux, infatigable, sobre, courageux, aimant à tel point son espace qu'il faudra à la puissante armée romaine de longues années de guerre ininterrompue pour parvenir à pacifier enfin l'étroit couloir serré entre les infranchissables falaises des Baous et les proches rivages trop incertains, passage obligé pour permettre aux légions de se lancer à la conquête de la lointaine et séduisante Gaule.
Ah! Ces Ligures! Voilà maintenant qu'ils se mettent à construire patiemment, habilement, sous la domination des romains, les fastueuses villas dont subsistent seulement quelques rares et énigmatiques reliques.
Voilà surtout qu'ils entreprennent la culture de la terre, plantant l'olivier et la vigne.
Et puis les premiers, ils vont recevoir l'étrange message évangélique venu d'Orient, qu'ils transmettront fidèlement et n'oublieront jamais.
Mais les quelques siècles de Pax Romana s'écoulent trop vite.
Déjà, des bandes de pillards, surgissant de toute part et dont aucune grande armée ne parvient à freiner le violent déferlement, déchirent notre admirable pays, ne laissant que ruines, cendres et désolation.
Lui pourtant, il est encore là, l'Homme. Si on ne l'appelle plus Ligure, quel nom lui donner alors que, fuyant l'épouvantable tumulte, il grimpe, pour sauver sa vie, se réfugier en minuscules communautés dispersées sur les parcelles les plus inaccessibles des sauvages et austères Baous.
Grand trou noir de notre histoire. Cinq ou six siècles, c'est bien long pour parvenir à l'époque à peine plus lumineuse où commencent à fleurir un peu partout les précaires mottes féodales.
Peut-on se permettre d'imaginer qu'on décide alors d'établir au pied du rocher sur le promontoire des planestels hantés de sortilèges un point-refuge perché avec son donjon, son rempart percé de fines archères, sa chapelle ?
Sous l'impulsion ou en souvenir des Hospitaliers de Saint Jean, et dans le même esprit, ce lieu d'accueil doit être aussi une escale salutaire que les aventuriers, les voyageurs perdus, les navigateurs égarés, les pèlerins mystiques en quête de rédemption reconnaîtront de loin, sans hésitations, grâce à son légendaire

Bàu (ssum),

gradin gigantesque qui, au crépuscule, se découpe parfaitement, Sphinx avant tout autre Sphinx, impassible et magnifique.
Ce sera le Petit Saint Jean, le Grand Saint jean étant à Jérusalem, puis à Malte, le sanctuaire vénéré des chevaliers hospitaliers.
Le Petit Saint jean ? C'est à dire le Saint-Jeannet. Alors voilà l'Homme oublié depuis si longtemps, tout là-haut qui dresse sa tête obstinée pour venir fonder de modestes foyers accrochés au pied du castrum protecteur, au bord du talus, propice ruban de terre profonde, fertile, fraîche, qui serpente tout au long du sévère massif rocheux.
A grands coups de magaou, il découpe, sans hâte mais aussi sans repos, les accidents du relief en une infinité de terrasses, modelant, jour après jour, le paysage harmonieux d'un superbe jardin.
Portant les stigmates de tous les périls affrontés, comme la mystérieuse guerre des Baous qui trace, non sans malice, son perfide échiquier, mais aussi des maléfiques incursions de l'implacable bailli et autre sur-intendant, avides de rafler, d'imposer, de contraindre sans pitié aucune, ne laissant aux faméliques serfs, pour toute subsistance, que le brouet de fèves, ou le fassum de figues sèches, les siècles s'écoulent, inexorables.
Ils accordent tout de même à chaque génération, dans le flot de vie empressé à rouler inlassablement ses vagues de rires et de larmes, le temps et l'occasion d'apporter son infime et pourtant si précieux tribut à un humanisme lentement affiné.
Comme un vieux de chez nous au visage profondément buriné et qui s'est tranquillement assis sur un banquet de pierre, le dos appuyé au rocher majestueux, le voilà notre cher village, témoin silencieux d'une fabuleuse épopée.
Si les repères historiques parfois se perdent dans le nébuleux des rêves, qu'importe! C'est la vie rien que la vie qui compte.
S'insérant dans cette incroyable continuité, sans faillir jamais, plus solide que les pierres qui s'effritent, se fissurent, se craquellent, il est là, inébranlable, résolu, il est là l'Homme. Il est là l'Homme de tous les aujourd'huis.
Ils sont là les hommes, les femmes, les enfants, ensemble depuis la genèse, de connivence à travers les millénaires. Ils sont là à leur tour, à leur façon, à leur manière, en ce temps précieux qui leur est accordé. Ils sont là aux jours brûlants d'été comme aux plus beaux instants d'hiver lorsque le Mistral a su donner au ciel d'azur son intense luminosité. Ils sont là dominant les éternels rivages méditerranéens .... Ils contemplent, ils admirent ... mais aussi ils cherchent, ils doutent, ils luttent, ils espèrent... Le regard résolument tourné vers des horizons sans fin... Allez, oui, on peut bien dire: Longo Maï !

René RASSE

 Descriptif :

Superbe volume cartonné de 352 pages

Couverture en couleurs

600 photographies en noir et blanc et en couleurs

Préface de René Rasse

Format 16 X 24

Tarif : Saint-Jeannet-Village, de mémoire d’hommes. (2001)  Epuisé.

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